La fin de l’année 2016 et toute l’année 2017 ont été marquées pour moi par de petites choses qui, bien que sans gravité, ont été bien ennuyeuses. Bronchites, allergies, thyroïde, dents cassées, mâchoire débloquée, dos bloqué… autant de douleurs joies et de blocages bonheurs qui m’ont rendu la vie bien difficile heureuse comme vous pouvez l’imaginer. Ca s’est enchaîné à un rythme exponentiel, avec des conséquences allant de la prise de poids à l’incapacité de respirer, de bouger et de travailler ces derniers jours.
Il faut dire que j’ai un peu pris l’habitude de voir s’affaiblir mon corps ces dernières années. J’ai eu un problème de parathyroïde non-diagnostiqué pendant 4 ans, qui m’a épuisée, déprimée, pourri la vie dans les années 2000. Une chose somme toutes bénigne, mais Oh So ennuyeuse. Après une petite chirurgie et quelques mois de remise en forme, je pensais en avoir fini en 2013, et là, rebelote. Décourageant me direz-vous ? Que nenni ! Je me suis renseignée et je veux être encore plus à l’écoute de mon corps. Je suis coach, que diable ! Voici quelques étapes qui j’espère m’emmèneront vers un prompt rétablissement. Et quelques conseils pour vous, si ça vous dit.
Identifier la source
La première source de mon malaise est artistique.
Bien que j’ai loué un appartement en France et me sois domiciliée ici depuis juillet 2012, je n’ai pris la décision définitive de revenir en France et d’y rester qu’en janvier 2015. Une décision importante, portée par ma vie privée mais qui a eu des conséquences sur ma vie artistique. Je ne me reconnais pas dans la scène d’impro en France et y ai rencontré beaucoup d’encouragements et aussi beaucoup d’oppositions. Moi, j’étais habituée surtout au soutien inconditionnel dans le monde de l’impro et de la comédie à New York, Boston et Los Angeles. Même si on ne peut pas aimer tout le monde (ce ne serait pas humain) on se soutient car si l’un réussit, tout le monde réussit.
L’impro en France est compétitive et basée sur le match, et sur l’impro dirigée. Aux US, j’ai pratiqué l’impro libre, basée sur l’apprentissage du Harold, mais juste pour libérer l’imagination. Donc artistiquement, je ne me suis jamais sentie à l’aise dans et sur la scène parisienne et française, même si j’ai essayé. Je ne retrouve pas mon bonheur, et je ne kiffe ni le cabaret, ni le match, ni l’impro dirigé, ni les caucus en cours de spectacle. Ca ne m’interpelle pas, et d’autres le font très bien et avec beaucoup de joie que j’aime partager avec eux, mais pas sur leur scène (plutôt en dehors, en buvant des coups). Je me retrouve donc à me limiter dans mon art à son enseignement, alors que je jouais 2 à 5 jours par semaine pendant des années, que je prenais 2 à 3 ateliers par semaine et m’entrainais avec mes teams 1 ou 2 fois par semaine (oui ça fait beaucoup !!). J’ai créé ma propre école en France, mais ça prend du temps de former des gens et de les éduquer à la forme libre.
La deuxième est purement professionnelle.
Je me suis associée avec des théâtres et lieux de spectacles qui se sont parfois avérés de mauvais choix. Pour certains, mauvais choix de lieux, pour d’autres, mauvais choix humains, et quand ça allait bien sur ces deux plans, certains ont carrément fermé leurs portes ! Ca ressemblait beaucoup aux soaps opéras des années 80, genre Dallas, Dynastie et Santa Barbara, la coupe de cheveux en moins. Ca jalouse, ça trahit, ça arnaque, ça ruine…. Bref, pas la vie dont j’avais rêvé ou dont j’avais l’habitude. Il y a eu beaucoup de positif et de soutien et de rencontres merveilleux et des amis nouveaux, mais j’ai eu du mal à gérer les revers de médaille qui font partie du métier d’artiste.
Il y a eu un changement de cap aussi. Je me voyais bien faire de l’impro à l’international, passer ma vie dans un train ou un avion ou un hôtel ou un logement de fortune, enseigner l’impro et surtout prendre des cours ou jouer avec des inconnus. Be careful what you wish for. Mon corps a très vite dit « non » aux voyages incessants, ne serait-ce qu’en France et à chaque voyage en train, le retour était de plus en plus pénible, sans parler des soucis sur place (dont certains de mes élèves peuvent attester, oups). Du coup, depuis la rentrée de septembre 2017, je me concentre sur le lieu le plus simple à gérer : Paris !
Par ailleurs, j’ai créé une structure et ai donc engagé un cabinet comptable qui s’est avéré être d’une lenteur et d’une incompétence rares. J’ai choisi le moins cher, et maintenant je sais que c’était une grosse erreur ! Ils m’ont mal conseillée sur le choix de la structure, n’ont jamais livré les comptes à temps, et bien que j’aie dissout la structure pour en créer une autre, plus adaptée, en janvier, n’ont à ce jour toujours pas finalisé le travail. Tout ce poids finit par peser, évidemment, et le corps crie haut et fort : « trop lourd ! ».
La troisième est personnelle.
Je n’irai pas dans les détails, mais des choses assez lourdes à porter de ce côté-ci ont encore ajouté du poids sur mes épaules et j’espère pouvoir les adresser rapidement.
Bref, mon corps CROULE sous la lourdeur artistique, professionnelle et personnelle. Mes poumons se sont rebellées, mon dos s’est figé, mes dents ont arrêté de broyer, ma mâchoire m’a dit merde. Stop. STOP. STOOOOOP.
Qu’est-ce qui se loge où ?
Grâce aux conseils de copines et de copains, j’ai commencé à lire plusieurs livres. Ton corps dit Aime-toi, de Lise Bourbeau, semble être une référence et c’est franchement top ! Elle part du blocage physique, puis parle de l’émotionnel, le mental, et le spirituel. Par exemple, pour le blocage du bas du dos, elle dit que c’est lié à la peur de perdre sa liberté, les problèmes de bronches seraient liés à la famille, et la mâchoire à une colère réprimée (je résume). C’est assez général et tout de même assez spécifique quand on lit les détails de ce qui est écrit et cela permet vraiment de mettre des mots sur des maux et d’en identifier la source.
Le deuxième livre que j’ai en ma possession est Dis-moi où tu as mal, Le lexique de Michel Odoul. Simple et efficace, ce livre se focalise plus sur la pathologie même (contractures, caries, hypertension…) mais parle aussi des différents membres et de ce que j’appelle la géographie du corps. Il explique assez bien et en détails la relation corps-esprit et c’est vraiment fascinant. Par exemple, pour les douleurs dentaires, il écrit que c’est une peur de mordre la vie à pleine dents.
On m’en a conseillé plusieurs autres, notamment Le grand dictionnaire des maux et des maladies de Jacques Martel. J’ai parcouru ce dernier rapidement et effectivement, ce sont les mêmes constats qui reviennent. Ce qui est top avec celui-ci c’est qu’il a des « remèdes » presque méditatives et rapides pour repenser certaines choses. Par exemple, pour le mal de dos, il écrit « J’accepte que mon seul soutien vient de moi-même. En reprenant contact avec mon être intérieur, j’établis un équilibre dans mes besoins et je rejoins toutes les forces de l’univers qui sont en moi. Ces forces me donnent confiance en moi et en la vie car je sais qu’elles m’apportent tout ce dont j’ai besoin : physique, émotif ou spirituel. Je suis soutenu en tout temps ! » C’est assez ésotérique, et peut-être pas pour tout le monde, mais ça peut permettre de créer des mantras intéressants.
En parler
Oui, en France ou ailleurs, nous sommes pudiques : on nous dit de ne jamais parler de nos maux au risque de déranger les autres. Vous savez quoi ? Si on dérange, on dérange, ce n’est pas la parole qui va changer ça. Moi je parle assez facilement de mes maux, parce que si on a des douleurs menstruelles, bah c’est normal qu’on se torde dans tous les sens. Je préfère que les gens sachent que j’ai des douleurs menstruelles, plutôt qu’ils s’imaginent que je fais de l’aérophagie et que je vais lâcher une caisse d’une minute à l’autre (quoique ce serait drôle, tiens). C’est plus facile de dire « pardon je suis un peu bouchée en ce moment parce que j’ai un rhume/des acouphènes/une migraine, peux-tu répéter ? » que ne rien dire et être frustré parce que 1) on est super focalisé sur son mal et 2) on a mal compris ou pas compris du tout ce que dit l’autre. En gros, en parler nous met dans une position d’écoute. C’est le « Ca va ? » qui nous prend la tête en fait. On peut dire « Ca ira mieux quand cette bronchite sera passée » « désolée si je tousse pendant notre conversation » « je m’assurerai de ne pas passer mes germes en me protégeant d’un mouchoir. ». Au lieu de ça, on dit « Ca va ! » et on tousse comme un damné ou PIRE, on se retient et s’éclipse toutes les 2 minutes pour aller tousser et on ne tient pas une conversation.
Je vais prendre un exemple encore plus extrême. Quand les personnes sous chimio perdent leurs cheveux, c’est déjà difficile. Quand elles doivent se balader avec leurs sondes de chimio, c’est un vrai challenge. Si en plus, elles doivent mettre une perruque pour que vous ne voyiez pas leurs maux, ou se cacher pour que vous ne voyiez pas la sonde, et éviter votre pitié et votre gêne, là ça devient pathétique et surtout ingérable pour elles. Laissez la pitié et la culpabilité de côté quand il s’agit de maladies. Elles n’ont rien à faire là. Vous êtes mal, vous êtes mal, voilà. Si tout le monde accepte que le mal existe, sans être dans le déni total, ça rend les choses beaucoup plus faciles. Je sais, ça nous renvoie à notre propre mortalité. Ca gêne. Bah la gêne, ça se gère et une fois géré, ça se libère. J’avais une partenaire d’impro qui était sous chimio quand on jouait. Elle venait avec sa sonde, ses tubes, et tout le matériel pour faire de l’impro ou du stand up. Si j’avais des questions, je les lui posais sans que cela la gêne. Nous étions tout simplement deux être humains amoureux de comédie et d’impro qui nous retrouvions sur scène. Voilà.
Garder un regard positif
Oui, alors c’est là que ça se complique. En parler, oui, et garder un regard positif. On repart dans : la pitié, même orientée vers soi, n’a rien à faire là. Soyez en colère s’il le faut, soyez déprimé si vous en avez besoin, mais gardez une vision positive.
La vision positive ce n’est pas de l’optimisme aveugle. C’est simplement de parler de tout avec un vocabulaire positif. En recherchant les sources des maux, en permettant un lien fort entre le mental et le physique, cette vision positive se crée automatiquement.
L’impression négative que vous laissez sur les gens dure plus longtemps et marque plus fortement que l’impression positive. Nous comparons les gens que nous rencontrons à la première et à la dernière impression qu’ils nous ont laissé. C’est pareil pour SOI.
Par exemple, vous préférez : « Ca va ? » « Ca ne va pas du tout, j’ai la rate qui se dilate… » ou bien : « Ca va ? » « Oui, je m’occupe de ma rate avec une cure de jus de bouleau, j’ai besoin de purifier tout ça ! ». Je suis sûre que vous pouvez trouver d’autres exemples, mais l’important c’est de garder le positif.
Je parlais un peu plus haut de la relation mental-physique, la parole et la pensée positive ont un effet incroyablement bénéfique sur le corps. Encore une fois, la pensée positive ce n’est pas de dire « je vais bien » mais bien d’accepter le fait que ça ne va pas, et surtout en parler et se positionner en héros et non pas en victime. En fait, pour ramener le tout à l’impro, c’est de dire « OUI » ça ne va pas, « ET » je vais me soigner, ou je connais la source, ou je peux gérer le quotidien, ou j’ai de la chance d’être bien entouré.e.
Maintenant, le remède
Bon, j’ai un secret : je n’ai pas de remède miracle. Ce que j’ai appris ou que j’avais oublié c’est qu’il faut :
Se débarrasser du superflu : Tout ce qui n’est pas nécessaire, il faut jeter. N’ayez pas peur de vous débarrasser des objets, voire des gens toxiques dans votre entourage. Peu importe leur importance, leur rang social ou leur niveau de connaissance ou d’infiltration parmi vos amis. Si on vous donne du caviar et on vous dit « Ah voilà c’est cher, mais la date limite est passée depuis longtemps, ça pue… bon appétit ! » vous en mangeriez ? Si votre réponse est OUI, je vous conseille de regarder les effets du poisson pourri sur le corps (oui, le caviar c’est des œufs de poisson). Ignorez-les gens qui sont toxiques. Ils n’existent pas. Ne cherchez pas à les amener à vous à tout prix. C’est un réflexe, quand on parle à une assemblée, on se focalise sur la personne qui dort. Why ??? Focalisez-vous sur les personnes qui sont éveillées autour de vous et qui donc s’intéressent à vous et sont une influence positive dans votre vie. Les endormis, les objets inutiles, c’est du superflu, c’est du lourd, c’est du poids mort.
Appuyez sur reset : Une fois la source du mal identifiée, adressez-le. Acceptez que vous ayez fait de mauvais choix, on en fait tous. Sans erreur, sans échec, on n’avance pas. D’ailleurs, la vie est remplie de plus d’échecs que de soi-disant « réussites ». Parfois, ces mauvais choix viennent de nos illusions ; parfois, du regard des autres ; parfois, du jugement que nous portons sur les autres et la tendance que nous avons à nous comparer aux autres. Normal. Nous sommes des êtres sociables, nous avons besoin de nous définir les uns par rapport aux autres. Ces moments de douleur et de mal être sont des moments où vous avez l’opportunité d’appuyer sur votre reset button, de vous focaliser sur vous et redéfinir vos besoins et vos envies personnels, en dehors du cadre sociétal. Le reset est l’acte le plus difficile et auquel votre corps montrera le plus de résistance. Je suis en plein dedans et je peux vous dire que je douille. C’est reconnaître qu’on a fait des choix douteux ; c’est de se dire qu’il faut revoir plein de choses, oublier des gens, vider sa maison, changer ses habitudes ; c’est d’accepter que certains choix n’étaient pas alignés avec nos valeurs essentielles mais qu’on les a poursuivi quand même… et c’est indispensable. Comme dirait helpdesk, « Have you pressed the reset button ? »
Riez, beaucoup : Regardez de vieilles comédies. Regardez la séquence de danse de Rabbi Jacob. Revoyez les Fantomas. Gavez-vous de Louis de Funès (ohhhhhh juste le plus GRAND comique de tous les temps). Riez de votre mal. Faites-en un objet de plaisanterie. Non pas pour l’alléger ou le minimiser, mais bien pour détendre les muscles de votre corps. Ce petit con (de mal ou de blocage ou de virus ou de bactérie, quel qu’il soit) vous a bien attaqué, vous avez le droit de vous foutre de lui, non ? Oui, parfois ça fait mal. Quand on a mal au dos, croyez-moi, c’est presque une torture. Mais le rire a des effets thérapeutiques prouvés : Ca détend votre corps, libère des endorphines, réduit les hormones du stress, fait travailler les muscles du cœur, et en plus ça ferait maigrir !
Profitez-en pour vous nourrir : Insomnies ? Immobilisation ? Et si vous regardiez des documentaires à la télé ou lisiez un peu comme vous en aviez envie ou dessiniez ou écriviez… ? La nourriture mentale nous enrichit et nous rend plus fort physiquement. C’est comme de la vitamine puissance XXX (non, pas le XXX des pornos, bande de pervers, le XXX de la force de superhéros). Oui, nous sommes tous des superhéros. Nous avons de superpouvoirs. Et l’un de ces pouvoirs c’est de se nourrir copieusement de tout ce qui nous entoure.
Ne vous détendez pas : Je ne vais pas vous dire de vous détendre parce que ça voudrait dire que j’ai un superpouvoir (justement, ha, voyez comment je lie tout ??) que je ne possède pas : la détente instantanée. Ce que je peux vous conseiller, c’est de respirer bien fort et bien en profondeur. Votre souffle doit descendre jusqu’au bas-ventre, et remonter tout doucement. Vos côtes flottantes doivent « flotter » : c’est à dire s’écarter généreusement sans que vos épaules bougent (technique bien connue en chant). Mettez la main sur le bas-ventre et sentez les muscles d’étirer, se tendre et se détendre. Mettez les mains sur vos côtes flottantes et sentez les s’ouvrir. Si vous n’avez jamais vu le film La ligne verte jetez un œil sur une des séquences en ligne où le guérisseur fait son œuvre. Il expire profondément le mal sous forme d’insectes noirs et malveillants. Cette image est vraiment quelque chose sur laquelle on travaille en rêve éveillé : inspirez le bien dans les parties du corps qui vous font souffrir, et expirez les tensions, évacuez le mal.
Et comme dirait l’autre, pétez un coup, ça ira mieux (parce que c’est toujours un bon conseil).
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