J’utilise énormément l’impro appliquée dans mon coaching, et vice versa. J’ai trouvé cet article très intéressant car il reflète bien le travail que je fais en entreprise ou avec les particuliers en tant que coach et formatrice en impro. Personnellement, l’impro m’a énormément aidée dans une période de ma vie où j’en avais besoin. L’impro est un outil fort et puissant pour aider à gérer l’anxiété sociale. À la fin de l’article, vous trouverez des informations sur les organismes tels que SOS Amitié et Prévention Suicide, et un lien vers des outils recensés par le Ministère de la Santé.

Cet article est la traduction de l’article du Guardian  » ‘Improv saved my life’: the comedy classes helping people with anxiety« .

Il fut un temps où l’impro appartenait presque exclusivement au domaine de la performance scénique, aujourd’hui les cours d’impro sont de plus en plus fréquentés par des personnes qui cherchent à gérer leur santé mentale.

« Ton cœur bat plus vite, tu sens tous ces regards posés sur toi, ton corps réagit en paniquant. » Non, ceci n’est pas la première ligne du texte que Eminem aurait refusé de mettre sur son single Lose Yourself, mais la description donnée par Alex MacLaren de ses étudiants lorsqu’ils sont dans des réunions de travail, lors d’entretiens d’embauche ou même dans un bar (pub). MacLaren enseigne l’improvisation théâtrale au Spontaneity Shop à Londres. Au début, ses cours attiraient plutôt des personnes qui font de la scène. Il estime qu’aujourd’hui la moitié de ses étudiants utilisent l’improvisation comme un outil d’aide pour gérer leur anxiété ou la confiance en soi.

C’est un courant que d’autres professeurs en impro ont aussi remarqué. À Manchester, Brainne Edge tient des ateliers en tant que dirigeant de ComedySportz UK. En 5 ans, elle a vu la proportion des étudiants qui n’appartiennent pas à la communauté scénique augmenter jusqu’à 75%.

Sarah Farrell, 40 ans, une graphiste de Manchester et Ryan Kelly, 34 ans, un dirigeant du numérique dans une agence créative londonienne, font partie de ces étudiants-là. Kelly se préparait à être garçon d’honneur pour le mariage d’un ami et redoutait de devoir faire une allocution. Ils sont tous les deux fans du divertissement télévisuel Whose Line is it Anyway? et se sont imaginé comment cela les aiderait à gagner en confiance de jouer dans un spectacle d’impro.

« C’était la première fois que je devais parler devant à peu près 200 personnes, » selon Kelly. « Je ne me réjouissait pas à cette idée, alors je me suis dit que je devais faire quelque chose qui m’aide à avoir plus confiance en moi. » Farrell était déjà en thérapie, qu’elle trouve très utile, mais elle pensait avoir besoin de plus. « J’avais des idées suicidaires à l’époque, (alors) c’était peut-être pour me distraire des samedis après-midi interminables (que j’ai commencé les cours), » dit-elle.

Aller au premier cours était intimidant (« J’ai demandé à une amie de venir avec moi, je manquais de courage ! »), mais Farrell a trouvé un environnement bienveillant.

Selon Edge, «  Nous travaillons dur pour que les étudiants se sentent à l’aise avec l’idée d’essayer de nouvelles choses, qu’ils jouent et ne se soucient pas des conséquences. » MacLaren est d’accord : « Nous devons aider les gens à aller d’une légère anxiété sociale… vers une environnement joueur et sécurisé. »

Les instructeurs identifient les principes d’impro qui aident à combattre l’anxiété. Tout d’abord, ils essaient de se débarrasser de la peur de l’échec, enseignant aux étudiants qu’il n’y a pas « d’erreur » dans ce qu’ils ont à dire. « C’est incroyablement puissant car nous sommes habitués à essayer de donner la bonne réponse, » estime MacLaren.

Les jeux aident les étudiants à apprendre à dire ce qu’ils pensent. « Nous avons fait des dissociations de mots où vous courrez dans la pièce, montrez des objets du doigt, et dites un mot qui ne correspond pas à l’objet, » dit Kelly. « Cela vos apprend à avoir un meilleur lien entre votre cerveau et votre bouche. »

Farrell a arrêté de trop analyser ses pensées. « Vous essayez d’être moins dans votre tête, » dit-elle. « Avec l’anxiété et la dépression, vous pensez toujours à comment vous êtes nul et inutile. Faire taire ces pensées et juste parler m’aide énormément. »

Une fois que les participants sont à l’aise avec l’idée de faire des erreurs, ils peuvent commencer à dire oui à de nouvelles expériences, ou comme on dit en impro, « Oui, Et. » C’est à dire accepter et construire sur un personnage et une idée de scénario que d’autres amènent sur scène. Dans la vraie vie, cela serait l’équivalent d’accepter une invitation ou tout simplement participer à une conversation. « Vous apprenez à dire Oui, même si vous ne savez pas où vous allez, » dit MacLaren.

La comédienne Pippa Evans fait de l’impro au  Comedy Store et avec Josie Lawrence elle font partie du Glenda J Collective. Elle est aussi responsable de Improv Your Life, pour les personnes qui ne font pas partie du milieu de la performance. « J’ai commencé à faire ça parce que j’ai trouvé que l’improvisation m’a personnellement beaucoup aidée, » estime-t-elle. Au travail, elle est passée d’une « personne obsédée par le contrôle » à une personne qui accepte les suggestions de ses collègues. Ça l’a aidée aussi à abandonner son plan de vie sur les 5 ans à venir : « L’improvisation m’a aidée à m’ouvrir à une vie où je ne sais pas ce qu’il y a au bout du tunnel, et donc j’apprécie ce qui se passe dans le moment présent. »

Evans espère partager ces bénéfices et relie une partie de son cours au quotidien de tous. Dans son jeu « Ça me rappelle… » un seul mot est le point de départ d’anecdotes qui sont chacune inspirées de la dernière racontée, mettant en avant le fait que chaque contribution fait avancer la conversation.

La plupart des cours pour débutants n’impliquent pas une performance des étudiants, en dehors des jeux et des scènes avec les autres étudiants. Mais même ça, ça peut être de trop. « On a des personnes qui viennent et partent, ‘c’est trop grand et bruyant, je ne suis pas prêt.e’. »

Pour Kelly, le cours était fun et utile : « Ça m’a aidé à me relaxer ; j’ai au final apprécié le discours (du garçon d’honneur). » Il a aussi, depuis lors, remarqué des bénéfices supplémentaires : « J’avais l’habitude de ne pas apprécier les grands rassemblements en société, faire le tour de la pièce et parler aux gens était vraiment stressant, » dit-il. « Maintenant, je me réjouis plus à l’idée de participer à ce genre de rassemblement/de fêtes. Dans la vraie vie, les gens ne te jugent pas. N’ayez pas peur de rajouter ce que vous avez à dire à la conversation. »

Après avoir complété son cours, Farrell s’est inscrite au niveau suivant qui se terminait par une performance. Elle est depuis revenue pour plus de cours et en redemande. « Tu arrêtes de jouer quand tu prends de l’âge, tout devient sérieux, mais ça permet de relâcher beaucoup de pression, » dit-elle. « Je pense que (l’impro) m’a sauvée la vie. Ça m’a ouverte à être une meilleure version de moi-même. »

 

En France, SOS Amitié peut être joint 24h/24 au 09 72 39 40 50 ; Suicide écoute au 01 45 39 40 00.

Plus d’informations sur la prévention du suicide sur le site du Ministère de la santé : http://solidarites-sante.gouv.fr/prevention-en-sante/sante-mentale-et-psychiatrie/article/la-prevention-du-suicide


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